24 juillet 1920 : Bataille des chars contre les chevaux

La guerre opposant les forces du Royaume arabe de Syrie et l’armée française du Levant prend une issue décisive lors de la bataille de Khan Mayssaloun. Celle-ci s’est déroulée dans les montagnes traçant la frontière entre le Liban et la Syrie : l’Anti-Liban.

Le général Mariano Goybet écrase les troupes de l’émir hachémite Fayçal à la bataille de Khan Mayssaloun

La bataille de Khan Mayssaloun se déroule le 24 juillet 1920 et oppose le général Mariano Goybet aux troupes de l’émir hachémite Fayçal. L’utilisation de chars Renault FT dans les lignes françaises précipitera l’issue de la bataille et de la guerre, par la prise de Damas le lendemain, le 25 juillet 1920.

Pour le monde arabe, cette bataille illustre la résistance contre un pouvoir impérial plus fort, mais c’est aussi la mise en scène de l’agilité des chars sur un terrain difficile.

Dans l’article intitulé « Avec le général Goybet à Damas » de Myriam Harry, paru dans L'Illustration du 21 août 1920, elle souligne la dextérité incroyable des chars à l’épreuve de la montagne face aux chevaux agiles dont sont encore équipés leurs adversaires :

« Les Chérifiens avaient barré la route par un mur garni de mitrailleuses, croyant empêcher le passage des tanks, mais les tanks se sont glissés dans le ravin entre le mur et la montagne et, passant dans le bled, ils sont montés à l'assaut de la crête suivis par les fantassins du 415e, les Algériens et les Sénégalais marocains, lancés à tout galop, enveloppaient les positions d'un mouvement débordant.

Et de la haut pleuvaient les obus, cinglait la mitraille. Plusieurs heures les tanks sont restés face à face avec les batteries et c'est seulement quand ils réussirent à mettre le feu aux caisses de munitions que les chérifiens lâchèrent pied et s'enfuirent désemparés complètement par la mort du ministre de la guerre Asmy Bey, tué à son poste par un éclat d'obus... ».

Cette bataille particulière marque le contraste et le passage des batailles à dos de cheval aux batailles de blindés. Finalement, les craintes inspirées à la vue du blindé, pas assez agile, lourd et peu maniable, sont éclipsées dans le texte cité précédemment.

Char Renault FT devant le petit Sérail de Beyrouth, Photo collection Georges Boustany, Source : l’Orient-le Jour

Char Renault FT devant le petit Sérail de Beyrouth, Photo collection Georges Boustany, Source : l’Orient-le Jour

« Illustration de ce qui allait devenir le mandat de la France sur le Levant. En effet, quoi de plus emblématique de cette puissance française que le célèbre char Renault FT qui avait fait son apparition dans les tranchées de la grande guerre au tournant de 1917 ? La présence de cinq de ces engins en pleine place des Martyrs, gardant comme des dogues le Petit Sérail pavoisé de drapeaux tricolores, en fait toute la rareté et tout le piquant. »

Georges Boustany, Les chars d’antan du Petit Sérail, l’Orient-le Jour, le 13 octobre 2018.